Rachel St. John explore les divers projets de construction nationale qui se sont disputé la légitimité et les territoires à travers le continent américain au cours du XIXe siècle, mettant en lumière la diversité de l’histoire politique et le caractère contingent de l’idée de nation.
De 1562 à 1598, alors que les guerres de Religion privent la France de ses repères, les stratégies pour maîtriser, travestir et éliminer les signes confessionnels deviennent un enjeu de survie. Les marques extérieures de l’identité révèlent alors ce que la guerre civile fait à la société.
Longtemps perçu comme un temps de violences débridées, l’an mil connaît en réalité ses mécanismes propres de régulation et de négociation. Parmi ceux-ci, le rôle de contrôle social exercé par les saints et leurs reliques, peut se lire comme un vaste récit de soutien au système féodal.
Appuyant son anthropologie historique sur un riche corpus textuel, Régine Le Jan entreprend l’exploration des relations interpersonnelles au haut Moyen Âge, y voyant une spécificité socio-politique de l’Occident latin.
Plus grand événement planétaire en termes d’audience, les Jeux olympiques portent une certaine conception de la compétition sportive. Pourtant, des alternatives en actes existent, comme l’illustre l’exemple des manifestations sportives internationales ouvrières dans l’Entre-deux-guerres.
Entre ressources naturelles spécifiques, ouverture vers le large et développement d’une société hiérarchisée, la période qui précède l’âge viking fait partie des plus méconnues de l’histoire de la Scandinavie et doit être relue dans la perspective complète du premier millénaire de notre ère.
Les historiens de la famille ont déjà exploré les relations conjugales et filiales, mais on en sait moins sur les adelphes, c’est-à-dire les frères et les sœurs. À une époque où la conception de l’adelphie est flexible, cette relation encouragée par les parents s’entretient pourtant toute la vie.
Après 1945, l’utilisation géopolitique du sport trouve sa place dans les nouvelles alliances de la guerre froide. L’idéologie et la diplomatie se glissent alors dans tous les recoins de l’activité sportive.
En 1940, la France volait en éclats : géographiquement, historiquement. Une aubaine pour les romanciers, Aragon, Gracq, Robbe-Grillet, Sartre, Simon.
En croisant sources écrites et archéologie, Chris Wickham propose un tableau comparé de la Méditerranée du Xe au XIIe siècle, et en termine définitivement avec le mythe des marchands italiens ouvrant au commerce une mer endormie.
La notion de Greater India, dans les années 1920 et 1930, désigne à la fois un projet historiographique, une visée politique, et un imaginaire panasiatique. Elle n’a pas disparu de l’horizon idéologique dans lequel se projette le nationalisme hindou dans l’Inde contemporaine.
Comment les Juifs français ont-ils affronté le nazisme à partir de 1933 ? Ils se sont mobilisés et sont entrés dans la guerre en portant regard lucide, mais parfois résigné, sur l’Allemagne hitlérienne.
Colin Jones replace dans sa contingence le récit du 9 thermidor an II (27 juillet 1794), jour du coup de force à la Convention nationale contre Robespierre et ses partisans, en écartant toute idée de conjuration ou de révolte populaire.
Alors que s’est ouverte au musée du quai Branly-Jacques Chirac une exposition consacrée aux Mexicas, plus connus sous le nom d’Aztèques, l’historienne et linguiste Camilla Townsend retrace l’épopée de cette civilisation flamboyante, en prenant en considération les chroniques en langue nahuatl.
Au sein de l’imaginaire collectif national, la bataille de Poitiers reste considérée comme un moment clé de l’histoire de France. La prise en compte de sources textuelles et matérielles relatives à la présence islamique dans le sud de la Gaule permet cependant de pondérer l’importance de cet évènement.
La littérature française porte la trace d’un « fait juif », comme en attestent trois prix Goncourt entre 1955 et 1962. Souvenir de la Shoah et du yiddish perdu, la judéité s’écrit en termes moins identitaires que mémoriels et politiques.
Le XIXe siècle a été riche en spectres : fantômes, morts-vivants et zombies, mais surtout revenants politiques, du monarque de la Restauration aux morts de la Commune, en passant par le célèbre spectre qui hante l’Europe selon Marx et Engels : le communisme.
Comment se comporte-t-on en bon marchand à la fin du Moyen Âge ? En s’appuyant sur la biographie de deux négociants provençaux homonymes, Laure-Hélène Gouffran explore les pratiques sociales et économiques des acteurs du commerce et les valeurs qui les influencent.
En étudiant les lettres de pardon accordées par les souverains français et anglais aux “criminels de guerre”, Quentin Verreycken montre comment la guerre se professionnalise à la fin du Moyen Âge.
L’exposition L’Invention de la Renaissance nous fait pénétrer dans le monde intellectuel et matériel des humanistes au travail, depuis leurs sources d’inspiration antiques jusqu’à leur lieu de retraite. Elle témoigne aussi de la manière dont les manuscrits ont voyagé vers la France au XVe siècle.
Dans une ville de province de l’Algérie coloniale, juifs et musulmans coexistent dans un climat de plus en plus tendu. C’est alors qu’un provocateur proche de l’extrême droite déclenche de sanglantes émeutes.
Empoisonner, asphyxier ou brûler l’ennemi : les « armes « non conventionnelles » ne manquaient pas à l’époque gréco-romaine. Cette réalité met à mal notre vision héroïque de la guerre antique.
Comment s’organisaient les monarchies marocaines et tunisiennes sous le Protectorat français ? En étudiant les structures administratives et les droits des fonctionnaires dans ces deux pays, Antoine Perrier met en lumière des dynamiques souvent négligées de l’histoire coloniale du Maghreb.
La répression qui a sévi sous Franco explique en grande partie la longévité de son régime. Les protestations furent cependant nombreuses, et les formes de résistance très variées.
Le massacre rituel commis par les Natchez à l’encontre de plusieurs centaines de colons français en Louisiane, le 28 novembre 1729, est le point de départ d’une violence coloniale exercée sur une tribu jusqu’à sa quasi-disparition.
L’Italie a-t-elle une histoire avant l’unification ? Au cœur de la Méditerranée, pendant des siècles, la péninsule se présente comme une koiné culturelle à première vue uniforme mais montre une complexe pluralité politique, économique et sociale.
Forgée au XIIIe siècle, l’histoire de la papesse Jeanne a longtemps entretenu le mythe d’une brève exception à la règle ecclésiastique. Agostino Paravicini Bagliani montre comment le mythe met en question l’accession des femmes au sacerdoce et la faillibilité du pouvoir pontifical.
L’historien J.-B. Fressoz fournit la première enquête généalogique sur la notion de transition énergétique. Face aux discours qui remettent la « transition » toujours à plus tard, l’historien relève le défi politique inédit d’une sortie définitive des énergies fossiles.
Papes, rois et autres conciles : le Moyen Âge serait « réformateur ». Alors que les discours contemporains sont saturés de « réformes », un livre collectif s’interroge sur le sens et la rareté du mot en Occident entre le XIIIe et le XVe siècle.
Des premiers paysans à l’âge des chefs, de la chasse à la riziculture, de l’outillage lithique au développement du fer, le Japon nourrit une histoire complexe qu’il faut relire avec les découvertes archéologiques.
L’exemple d’Adam Billaut, riche entrepreneur en menuiserie du XVIIe siècle, montre comment le verbe populaire a été délégitimé, pour faire de l’« ouvrier-poète » une figure marginale. Les classements littéraires relèvent d’une opération politique.
L’installation des croisés en Palestine au XIe siècle donne naissance à un monde original : une féodalité orientale née de bricolages multiples entre différentes cultures politiques, au sein de laquelle les seigneurs manient les armes, l’argent et les mots, dans une perpétuelle compétition.
Cafés révolutionnaires, caboulots des faubourgs, cabarets aux bals éclatants, brasseries ouvertes toute la nuit : le bistrot possède une riche histoire qui nous parle de divertissements et de séditions, mais aussi de la solitude des zones aujourd’hui enclavées.
Dans le premier tiers du XXe siècle, une école littéraire a brillé sous l’appellation de « merveilleux scientifique ». Puisant dans la fiction, la science et les techniques, elle a nourri les imaginaires de la modernité.
Comment se fait le théâtre à la fin du Moyen Âge, et que fait-il à la cité qui l’organise ? Par son caractère exceptionnel autant que la richesse de la documentation, le Mystère des trois doms représenté à Romans-sur-Isère en 1509 révèle sa dimension collective – religieuse, sociale et civique.
Passerelle entre l’Empire romain tardif et le haut Moyen Âge, charnière entre l’Orient romain et les royaumes de l’Ouest, Ravenne a été davantage qu’une capitale : une entité politique au croisement de plusieurs mondes.
Désimpérialiser les études russes et soviétiques par l’histoire : c’est l’objectif d’Andreas Kappeler qui offre un remède à deux maux actuellement répandus en Europe, l’ignorance du passé ukrainien, et l’emprise du récit national-impérial répandu par l’actuel pouvoir russe.
Pendant plus d’un siècle et demi, l’ordre des Jésuites a dominé la vie spirituelle, économique et politique du Paraguay colonial. L’ouvrage de Jean-Paul Duviols lève le voile sur les préceptes intellectuels, l’organisation institutionnelle et les causes de leur déclin.
On sait à quel point les Capétiens ont réussi, tout au long du XIIIe siècle, à acquérir une réputation de sainteté et à l’utiliser pour sacraliser la fonction royale. Mais cette historiographie croise rarement celle de la spiritualité féminine, qui connait alors une parenthèse de liberté.
La biographie d’Hermann Röchling, industriel au service des Nazis, révèle la violence de l’exploitation des ouvriers-esclaves sous le Troisième Reich.