Que fait la police ? Selon Paul Rocher, elle n’empêche nullement le crime et n’assure pas la sécurité publique. Quant au manque de moyen, ce n’est qu’un mythe. Apparue avec le capitalisme, elle maintient l’ordre établi ; mais un autre ordre est possible.
L’histoire militaire romaine éclaire des thèmes fondamentaux, comme la conduite de la guerre ou la tâche d’imposer une domination. Quant à César, ses conquêtes illustrent une stratégie et une tactique – art de la guerre comme projet politique.
Timothée Parrique propose un tour d’horizon de la notion de décroissance, et des débats qui l’entourent : comment se définit-elle exactement ? Comment pourrait-elle s’articuler - ou non - avec nos systèmes de production contemporains ? Constitue-t-elle une solution possible et crédible à la crise climatique et environnementale ?
À partir de 1946, le processus de « décolonisation par assimilation » a permis de maintenir les Antilles dans l’espace national. Le cadre départemental, considéré comme la source de tous les droits inhérents à la citoyenneté, a profondément influencé la politique et la société antillaises.
Le château de Villers-Cotterêts, dont le pouvoir actuel veut faire la Cité internationale de la langue française, servit longtemps de dépôt de mendicité, puis de maison de retraite entre 1889 et 2014, accueillant des vieillards indésirables. Il en reste d’éloquents “fichiers disciplinaires”.
Loin de constituer un monde gris et uniforme, les grands ensembles d’habitat social érigés dans les années 1960 abritent un foisonnement de vies et de mémoires, comme le montre Renaud Epstein à partir d’une importante collection de cartes postales les figurant.
Vers 1900, alors que la capitale a absorbé ses communes avoisinantes et que les bas-fonds accueillent toute une faune, les policiers oscillent entre répression et chronique sociale. Remparts contre le crime, ils se font aussi les peintres de la misère, sans répugner à la poésie.
L’esplanade située devant le Mur des Lamentations à Jérusalem a fait l’objet d’intenses conflits opposant juifs et musulmans. Avec une attention rare aux traces les plus ténues, l’historien Vincent Lemire révèle la succession des violences et des destructions ayant eu lieu au pied du Mur.
Qu’est-ce qui compte en morale ? Pour le philosophe français Jules Vuillemin c’est la maxime de nos actions, comme il s’attache à le montrer dans une série d’articles réunis ici pour la première fois.
Le Marché international des professionnels de l’immobilier se tient chaque année à Cannes. S’y promener est instructif : on y voit la manière dont les villes tombent sous l’emprise des marchés et comment certains élus locaux peuvent tomber sous le charme de grandes firmes.
En retraçant l’histoire transnationale de la psychothérapie institutionnelle, Camille Robcis explore les rapports politiques entre la pratique psychiatrique et la réflexion sur les institutions de soin durant les années 1945-1970.
Entre histoire des idées et essai politique, Camille Dejardin veut montrer que l’œuvre de John Stuart Mill nous est utile pour penser les enjeux contemporains, à commencer par la crise écologique et les transformations de l’économie qu’elle appelle. Au prix de quelques demi-vérités ?
Sous la Troisième République, citoyenneté et philosophie se conjuguaient au masculin. Pourtant, des pionnières réussirent à obtenir des diplômes universitaires et à accéder aux postes de responsabilité qui leur étaient interdits.
Ce recueil de sources permet de comprendre les relations, expériences, violences, mots du sexe du Moyen Âge à nos jours. Entre interdit et répression, les traces de la sexualité affleurent partout.
La première modernité industrielle ignorait-elle qu’elle infligeait à la planète des dégâts écologiques considérables ? Était-elle insensible aux questions environnementales ? Cela ne fait pas de doute pour D. Chakrabarty : la conscience planétaire est récente. Mais cette thèse est contestable.
Certaines expériences exceptionnelles nous donnent-elles accès à une réalité différente de celle que nous rencontrons dans notre quotidien ? Les philosophes qui s’y sont intéressés au XXe siècle ont cherché à travers elles une nouvelle forme d’empirisme.
Pour la féministe africaine-américaine bell hooks, le patriarcat mutile la vie affective des hommes et les coupe de l’amour. Leur « guérison relationnelle » permettra le développement d’une masculinité féministe. Une thèse novatrice ou psychologisante ?
Nous croyons à beaucoup de choses, mais pas de la même manière, parfois complètement, parfois à moitié seulement. Et certains croient même à des choses incroyables. Comment comprendre cette complexité de la croyance ?
Les salaires sous l’Ancien Régime permettaient difficilement de vivre de son travail. Nombreux étaient ceux qui devaient multiplier les activités pour joindre les deux bouts. L. Fontaine en fait un portrait saisissant.
Si les entreprises échouent à intégrer et promouvoir les groupes minoritaires, c’est parce qu’elles s’obstinent à mettre en œuvre des programmes dont les sciences sociales ont prouvé de longue date l’inefficacité. Frank Dobbin & Alexandra Kalev proposent des actions plus démocratiques et inclusives.
Isabella Weber propose une plongée dans les débats économique et politique à l’œuvre derrière les réformes chinoises des années 1980. Un travail historique d’une grande précision qui permet d’illustrer comment sont construites les politiques économiques.
Une nouvelle archéologie est née. Ses apports sur les violences de masse au XXe siècle oscillent entre histoire et mémoire. Un spécialiste de ces terrains dresse un impressionnant bilan aux allures de plaidoyer.
L’expérience ne peut mener à la connaissance que si elle est organisée par des concepts qui ne proviennent justement pas de l’expérience. A. Grandjean renouvelle totalement l’interprétation de ce paradoxe qui forme le cœur de la métaphysique de Kant.
Penser la littérature actuelle à partir de l’invisible, de l’irrationnel et de l’étrange, telle est la ligne originale que suit Anne-Sophie Donnarieix, afin de mettre au jour sa capacité à se réinventer sous le signe de l’inquiétude.
Après le monde domestique patriarcal et contrôlé des Florentines du Quattrocento, l’historienne médiéviste Christiane Klapisch-Zuber nous fait découvrir un nouvel aspect, peut-être plus intime encore, de la vie familiale des Florentins : leurs écritures.
La complexité de la biologie actuelle est source d’émerveillement, de crainte et d’incompréhension. Thierry Hoquet fait le point sur les grandes théories biologiques pour nous aider à penser les implications sociales de cette science qui ouvre des horizons fascinants, mais pas inéluctables.
Comment les femmes françaises issues de l’immigration arabe et maghrébine sont-elles devenues l’objet d’un fantasme collectif ? Si les mots de l’immigration révèlent des imaginaires et des pratiques discursives et sociales importantes à analyser alors celui de « Beurette » mérite aussi que l’on s’y penche.
Le corps a longtemps été le point de cristallisation de la haine raciale. Nicolas Martin-Breteau montre comment les Africains-Américains ont su s’en ressaisir pour en faire le lieu d’affirmation d’une force collective.
Peut-on encore être domestique aujourd’hui en France ? À partir d’une ethnographie sur les conditions de travail et de vie de ces personnes, un ouvrage récent revient sur cette forme de “domination rapprochée” au cœur des processus de distinction sociale.
Si les normes de genre s’acquièrent dans la famille et à l’école, comment penser l’éducation de façon à promouvoir l’égalité et l’émancipation des femmes ? L’éducation féministe positive que propose Vanina Mozziconacci prend la forme d’une utopie communautaire, inspirée des politiques du care.
Apologie du désordre ou « plus haute expression de l’ordre », abolition de l’État ou dérégulation organisée par celui-ci, l’anarchie nourrit toutes les ambiguïtés. La philosophie contemporaine n’y échappe pas.
Remise en circulation par des films à succès, la notion d’inné fait l’objet de sévères critiques dans le domaine scientifique. Peut-on néanmoins la sauver ?
Arrestations, tortures, massacres : le clan Assad martyrise le peuple syrien depuis cinquante ans. Un livre collectif de grande ampleur donne toutes les preuves des violences qu’en Europe on fait semblant de ne pas voir.
La foresterie française est dans une impasse et souffre d’un manque de vision publique, l’Etat laissant les coudées franches aux propriétaires privés. Afin de poser les bases d’une filière forêt-bois vraiment durable, J.-P. Guyon plaide pour un abandon du principe de multifonctionnalité des forêts.
Les Juifs de France, évacués du grand récit national ? En fait, leurs archives sont aussi riches que prégnantes, témoignant d’un ancrage très ancien. Au-delà, elles permettent d’écrire l’histoire tant « extérieure » qu’« interne » des communautés juives.
Pourquoi l’or a-t-il cessé de servir d’étalon aux différentes monnaies dans le monde ? Pour répondre à cette question, Arnaud Manas nous emmène dans les coffres des banques centrales pendant la guerre froide.
Le droit en fait-il assez pour protéger l’environnement ? Grégory Salle se penche sur la notion de crime environnemental pour montrer que les dispositions du droit restent limitées par une vision sociale favorable à l’exploitation technique et capitaliste de la nature.
Sous le tumulte des guerres d’Italie, la Renaissance est aussi un temps de révoltes sociales et de résistances collectives. Par l’élaboration de concepts et idéaux démocratiques, la contestation serait-elle le creuset de notre modernité politique ?
Les salariés sont les premiers inventeurs, mais ils sont bien souvent expropriés de leurs droits par des stratégies juridiques qui captent leur savoir-faire. Se mettent alors en place des formes nouvelles de résistance, fondées sur l’open access.
Loups, chats, chevaux et, maintenant, rats. Sont-ils des objets de dégoût, vecteurs de la peste, ou bien des aides utiles au nettoyage des détritus ? Après le rat des villes et le rat des champs, voici le rat de l’histoire !