Au Moyen Âge, on punit par le bûcher, la pendaison, le bannissement ou la mutilation, mais on pardonne aussi beaucoup. De la confession orale à la Pénitencerie apostolique, l’Église est source de miséricorde. Le châtiment et le pardon contribuent à asseoir le pouvoir judiciaire du roi et du pape.
M. Cerovic retrace l’épopée des brigades de partisans durant la Seconde Guerre mondiale, aux confins de la Biélorussie, de l’Ukraine et de la Russie, désintégrés par la Wehrmacht avant d’être bannis des mémoires par le pouvoir soviétique.
Au sein des institutions où on les plaçait dans les années 1950, les mères célibataires, marginalisées et réprimées, avaient parfois l’occasion de retisser du lien. C’est ce lien que recrée le sociologue Jean-François Laé à travers la correspondance d’une « fille-mère » avec son assistante sociale.
Fait social total, la guerre moderne n’engage plus seulement les soldats mais mobilise toutes les forces, politiques, économiques, culturelles, des nations. Elle bouscule les formes classiques du combat, elle pousse la violence à son paroxysme.
Comment les familles patriciennes de la région de Boston se sont-elles hissées au cœur du développement économique de l’Ouest américain ? Grâce aux réseaux de sociabilité, à la maîtrise des connexions politiques et à l’invention d’outils financiers.
En 1887, Pranzini a égorgé trois femmes avec une « véritable science de boucher ». Frédéric Chauvaud étudie le crime dans ses rapports avec la société de l’époque et son imaginaire, mais sans évoquer le contexte colonial de l’affaire.
“Le Verfügbar aux enfers” est une œuvre lyrique écrite par Germaine Tillion à Ravensbrück en 1944. L’œuvre ne fut jamais représentée dans le camp, mais les détenues fredonnaient des airs pendant les appels – comme si chanter et rire, c’était résister.
À l’époque moderne, le Pacifique relie tous les continents et connecte les nouveaux empires planétaires entre eux. Partant des Philippines, deux ouvrages nous embarquent sur cet Océan à la rencontre des acteurs d’une première mondialisation.
Être étiqueté « schizophrène » équivalait au XXe siècle à une condamnation à vie. Une étude fondée sur les dossiers des patients montre que les schizophrènes ont souffert de leur maladie, mais aussi des préjugés idéologiques et de l’obsession classificatoire de leur époque.
Producteur de déchets toujours plus nombreux, l’homme moderne n’a plus avec eux le même rapport. Que révèlent ces déchets que l’on tente de cacher ou d’éloigner de nos sociétés ? Maîtrisons-nous les déchets que nous tentons de gérer ou nous échappent-ils ?
Comment penser nos responsabilités face aux crimes du passé dont les conséquences continuent de peser sur les conditions d’existence des victimes ou de leurs descendants ? Un premier pas, pour la philosophe Catherine Lu, serait d’admettre et de théoriser les racines coloniales de l’ordre mondial.
C’est l’histoire du vrai Ruy Blas, celle du grand financier disgracié pour ses malversations Rodrigo Jurado y Moya. S. Malaprade révèle les dessous socio-politiques des scandales financiers dans l’Espagne du Siècle d’Or, où l’enrichissement des uns menace les hiérarchies traditionnelles.
Une épopée de la révolution russe dont les personnages principaux sont les habitants de la Maison du gouvernement à Moscou, telle est la somme passionnante que nous donne à lire l’historien américain Yuri Slezkine. Sa conception du socialisme comme un millénarisme reste toutefois très discutable.
Conçu pour offrir une « nouvelle histoire de l’Europe », le livre collectif dirigé par Denis Crouzet déçoit. Comment sélectionne-t-on les historiens de l’Europe ? L’Europe est-elle vraiment la « métaphore de l’histoire » ? Comment éviter que les historiens n’interprètent leur propre parcours ?
Une enquête sociologique sur les verriers de Givors expose la difficulté à faire reconnaître les maladies professionnelles. Ce n’est qu’au prix d’une lutte juridique acharnée et de collaborations entre ouvriers et scientifiques que la vérité a pu être rendue publique.
Les Cathares ont-ils vraiment existé ? Grand spécialiste de l’histoire des hérésies, Robert Moore livre une magistrale synthèse montrant comment la chasse aux hérétiques a joué un rôle décisif dans la genèse des États.
Dans ce portrait intellectuel de l’enfant terrible de l’École de Francfort, S. Müller-Doohm nous découvre un infatigable polémiste, dont les prises de position ont marqué le dernier demi-siècle. C’est aussi l’histoire allemande d’après-guerre que cette première biographie nous donne à parcourir.
L’histoire contrefactuelle s’écrit avec des si. Et si les Alliés avaient perdu la Seconde Guerre mondiale ? Et s’il n’y avait pas eu de traite atlantique ? Deux historiens français analysent les vertus de connaissance de cet usage du passé, depuis longtemps appréciées du monde anglo-américain.
Comment présenter quinze siècles de musiques arabes au public français en évitant l’écueil de l’orientalisme ? Première exposition en Europe consacrée à la question, Al Musiqa s’attache à déconstruire les clichés en proposant un nouveau voyage en Orient – cette fois, éclairé de l’intérieur.
Voilà plus d’un millénaire qu’hommes et femmes portent le voile dans nos contrées. Nicole Pellegrin montre que, loin de toujours répondre à des préceptes religieux ou moraux, le voile dit aussi les expériences esthétiques d’un Occident avide de transparence.
Entre 1865 et 1931, les économistes s’interrogent déjà sur le charbon et sur l’exploitation des énergies « épuisables ». Leurs analyses permettent-elles d’éclairer la crise environnementale actuelle ?
L’Empire ottoman a, pendant près de 7 siècles, constitué un ensemble à la fois uni et divers. Ce nouveau Dictionnaire de l’Empire ottoman permet d’en prendre la mesure et montre la vitalité des études qui lui sont consacrées.
Au delà de la légende noire des « ripoux des Lumières », Vincent Milliot tire un portrait collectif des agents de la lieutenance générale de police au XVIIIe siècle. Dans un Paris en pleine mutation économique et sociale, tout le monde ne déteste pas la police.
Hors du temps, Blanchot ? La mise en perspective de ses archives prouve au contraire combien cet auteur, souvent renvoyé à son passé d’extrême droite, a été actif en Mai 68.
Grâce au succès du film Les Magdalene Sisters, les Magdalene laundries, ces institutions chargées de punir les femmes « déchues » d’Irlande, font désormais partie de la mémoire collective du pays. Malgré des avancées sociales importantes, les victimes attendent encore excuses officielles et réparation.
Que sont devenus les « emprunts russes » après la révolution bolchevique ? Dans cette étude des rapports de force géo-économiques, Kim Oosterlinck retrace les multiples tentatives des créanciers français, entre 1919 et 1926, pour récupérer leurs actifs gelés.
En étudiant la dimension rituelle de l’exécution capitale en France, censée concourir à l’édification de toute la société, Anne Carol fait saigner les archives. Elle montre que la justice a longtemps été un théâtre d’effroi.
Peut-on écrire une histoire de la colonisation par les plantes ? C’est le défi auquel s’attelle Samir Boumediene, dans un livre consacré à la production des savoirs botaniques à l’époque moderne, de part et d’autre de l’Atlantique.
Qui était donc Iejov, le chef d’orchestre de la Grande Terreur soviétique ? Son biographe A. Pavlioukov tente de retrouver l’homme de parti derrière le grand criminel, acteur central du système répressif stalinien, sans instruire son procès ni l’absoudre.
Deux hommes, le juriste Raphael Lemkin et le résistant Jan Karski, ont compris très tôt quel sort les nazis réservaient aux Juifs d’Europe. Pourquoi leur lutte pour la reconnaissance politique et juridique de ce crime contre un peuple entier a-t-elle rencontré tant d’obstacles ?
De l’empire tsariste à l’Angleterre des années 1960, Mark Mazower réfléchit au destin de l’Europe à travers l’histoire de sa famille, issue de l’émigration juive de Russie. Un portrait sensible, marqué par la fidélité au socialisme, l’expérience de l’exil, puis l’intégration à la société anglaise.
Que nous révèle l’étude de celles et ceux qui ont fait Mai 68 ? Selon Julie Pagis, elle montre que les expériences politiques ont été diverses, que ceux qui se sont engagés ont des profils différents et que ces événements permettent de mieux comprendre les luttes sociales d’aujourd’hui.
Pour G. Cuchet, le déclin du catholicisme français, s’il a commencé dès le XIXe siècle, s’est accéléré brutalement pendant les années 1960, paradoxalement entraîné par la modernisation du clergé qui souhaitait pourtant s’adapter à la modernité.
Que serait-on prêt à faire pour survivre en situation extrême ? Le sociologue J.-M. Chaumont nous emmène voir de près en quels termes s’est posé ce dilemme pour trois catégories de survivants. Et montre comment on peut venir à croire que la vie sauve s’obtient parfois au prix du salut de l’âme.
En 1943, un photographe espagnol sauve de la destruction les photographies prises par les SS de Mauthausen. Au delà du quotidien du camp, l’exceptionnelle « collection Boix » documente la condition concentrationnaire. Elle éclaire l’importance de la photographie pour l’histoire — et vice versa.
Mai 68 est souvent perçu comme un moment de vitalité artistique, sans qu’on relève les concurrences au sein des avant-gardes. Elles aussi sont pourtant mises en crise, comme le montre Boris Gobille dans un livre qui retrace les différentes étapes de l’engagement des écrivains.
Dans ce portrait du fondateur du British Museum, collectionneur invétéré, savant curieux de son siècle et propriétaire d’esclaves en Jamaïque, l’historien James Delbourgo met en perspective la montée en puissance de l’Empire britannique.
Florissante, l’histoire des rapports entre race et de santé s’est récemment tournée vers les origines de la médecine aux États-Unis et le rôle décisif que les esclaves africains, morts ou vivants, y ont joué. Une histoire à leur corps défendant et dont pourtant leurs voix émergent.
Dans ce livre posthume composé d’articles remaniés, Yan Thomas étudie la puissance du père sur le fils, véritable pilier de la cité romaine nécessaire à la construction du sujet de droit. À Rome, les lois érigent une société patriarcale, qui sert l’ordre établi.
En prenant pour objet d’étude le « brouillard de la Meuse » de 1930, un épisode important dans l’histoire de la régulation de la pollution industrielle, Alexis Zimmer revient sur les conséquences sanitaires de ce désastre, à l’origine de réflexions menées par différentes institutions au niveau local et international.